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Qu’est-ce que l’Attachement ?

  • Photo du rédacteur: Romaric Roméo Edoh
    Romaric Roméo Edoh
  • 23 août
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 5 sept.


J’aime profondément, et d’un amour inconditionnel, les personnes que j’accompagne. Cela m’a conduit à rédiger un article "L'Amour, une nécessité dans la relation thérapeutique ?, suivi d’une série d’articles sur l’attachement, concept que je vous propose d’explorer.



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L’enjeu d’attachement, selon Daniel Stein, serait au centre du développement humain. Il permet d’installer des capacités cognitives, de la  sécurité intérieure, de la régulation émotionnelle, ainsi que des compétences relationnelles et interactives.

La manière dont sont vécus l’attachement et les interactions avec la figure d’attachement aura des conséquences pour la vie.


C’est le cas de Tony, 24 ans, un jeune-homme brillant et extrêmement touchant, dont le motif de consultation est : « J’aimerais que les gens sachent que je suis là, que j’existe ».

Dans son histoire développementale, Tony a été négligé. Ses parents n’ont pas prêté attention à lui et l’ont confié à une une nounou dès les trois premières semaines de sa vie. Sa mère, très investie dans son travail, n’a pas pris de congé maternité pour s’occuper de lui. Tony passait donc la plupart du temps soit chez la nounou, soit au travail avec sa mère, très préoccupée par ses activités professionnelles.

À 4 ans, il fut brutalement séparé de sa nounou lorsque ses parents déménagèrent à la suite d’une dispute violente avec ses grands-parents, coupure qui l’éloigna également de ces derniers.


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Aujourd’hui, Tony ne va vers les autres que lorsqu’il a besoin d’eux. Ainsi, il se protège de toute déception si la relation venait à s’arrêter. Mais les personnes finissent par se détourner de lui en comprenant qu’elles ont une fonction purement utilitaire. Ses relations amoureuses sont courtes.

Par ailleurs, lorsque Tony perçoit que quelqu’un s’attache à lui pour ce qu’il est, il met brutalement fin à la relation et coupe tout contact.

Tony  n’est pas juste un rendez-vous, sur mon agenda. A mes yeux,  Il existe, il est important.  D’ailleurs, c’est lui qui m’a inspiré l’écriture de cette série d’articles. Le respect, la considération, l'attention, c’est ce qu’il recherche dans ses relations, conformément à son motif de consultation, mais cela lui est intolérable. Il va alors chercher à me repousser. Mais je reste là, à ses côtés, engagé dans ce travail thérapeutique, tant qu'il le souhaitera, avec l’idée, de lui faire vivre une expérience différente et réparatrice.


Ces répétitions relationnelles et ces difficultés découlent d’un attachement peu métabolisé : faible sécurité intérieure, peu de tranquillité, manque de compétences relationnelles, difficulté à réguler ses émotions, faible confiance envers autrui. Ce qui se comprend. Ses parents étaient peu disponibles et, surtout, le drame fondateur de sa vie a été la perte de sa figure d’attachement principale : sa nounou.


Tony n’a donc pas pu construire un attachement sécure. Ses expériences précoces ont façonné son cerveau et la personne qu’il est devenu. L’hémisphère cérébral droit garde la trace de ces vécus et influence encore aujourd’hui son raisonnement et ses expériences relationnelles.


Pourquoi l’attachement est vital ?


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De tous les mammifères, l’être humain est celui dont la durée de gestation est la plus courte en proportion de son espérance de vie. Cette naissance « prématurée » rend nécessaire un dispositif compensatoire : l’attachement.

Selon Bowlby, l’attachement est « un impératif biologique lié à la survie et à l’évolution ». C’est un processus dynamique, enraciné dans notre mémoire génétique, par lequel l’enfant et sa figure d’attachement (souvent la mère) se coordonnent afin d’éliminer toute menace pesant sur l’un, l’autre ou le lien qui les unit.


Le bébé humain est biologiquement programmé pour rechercher la sécurité et la proximité, physique et émotionnelle, de la personne qui prend soin de lui : la figure d’attachement principale (FA). En présence de stimuli alarmants, son système d’alarme s’active, puis son système d’attachement : il pleure, crie, s’accroche ou, dans certains cas, sourit, tout cela pour rétablir la proximité.


L’adulte, de son côté, est programmé pour répondre aux besoins de l’enfant en éloignant le danger. Lorsque ces besoins émotionnels sont satisfaits, le système d’attachement s’éteint ; l’enfant retrouve calme et tranquillité.


Ces expériences répétées, dans un climat de continuité et de fiabilité, installent peu à peu un sentiment de sécurité intérieure. L’enfant peut alors activer un autre système : celui de l’exploration, stimulé par la curiosité. Sûr d’avoir une base de sécurité (sa FA), il explore le monde et prend des risques mesurés. Dès qu’il se sent en danger ou trop éloigné, l’attachement se réactive ; il recherche la proximité et la sécurité de l’adulte pour l’aider à réguler son état d’alarme. Une fois apaisé, il repart explorer. Ainsi, grâce à la confiance en la disponibilité de sa FA, l’enfant construit progressivement son autonomie. Comme le dit Nicole Guédeney : « La vraie autonomie, c’est savoir ce qu’on peut faire tout seul, et quand on a besoin d’aide.»


Faciliter l’attachement du bébé


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Le caregiving (le fait de prendre soin) consiste à répondre de façon prévisible et cohérente aux besoins d’attachement (proximité, protection, sécurité) et d’exploration de l’enfant, notamment à travers :


-La synchronie affective : accordage entre l’enfant et sa FA (mêmes affects, intensité et timing pour un affect positif comme la joie), proto-conversation (les expressions faciales), contemplation mutuelle par le regard. Ces échanges déclenchent un « feu d’artifice » neuronal : production d’endorphines et de dopamine, responsables du plaisir dans les interactions sociales.


-Le mirroring (surtout en cas d’affect négatif) : reflet à l’enfant ses états émotionnels.

-La prosodie : ralentissement du débit et mélodie de la voix, essentielle dans la communication émotionnelle.

Cela amène l’enfant à se sentir compris émotionnellement tout en percevant que l’adulte reste régulé. Il apprend ainsi qu’il est possible de contenir ses émotions sans se désorganiser.


-La mentalisation : capacité à être conscient de soi et de l’autre, soutenue par le mirroring et la mise en sens.

-La co-régulation ou régulation interpersonnelle : l’enfant a besoin que sa FA lui « prête » son hémisphère droit pour se réguler (communication d’hémisphère droit à hémisphère droit). Les expériences relationnelles avec la FA permettent la maturation de cet hémisphère, siège de la sensorialité, des émotions et du relationnel


-La résolution des problèmes dans le lien : aider l’enfant à acquérir l’aptitude à gérer les difficultés au sein de la relation.


-L’intériorisation du lien, prépare l’enfant à gérer la frustration lorsque la FA est absente.


Conclusion


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La fonction principale de l’attachement est de protéger l’enfant de la détresse et de le conduire vers la sécurité. Le nourrisson humain naît « prématuré » : sa matière neuronale doit être façonnée par des interactions affectives entre son cerveau droit et celui de sa figure d’attachement.


Ce processus permet de réguler les affects et le stress, de métaboliser l’enjeu d’attachement, de parvenir à un sentiment de sécurité, puis d’acquérir des habiletés émotionnelles, sociales et relationnelles.


Dans les articles suivants, je détaillerai les différents styles d’attachement, comment ils impactent la Relation Thérapeutique, la Réparation grâce à la thérapie, le corps et l’attachement.


Bibliographie


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  • Smith, J. (Dir.). (2021). Le GRAND livre des 1000 premiers jours de vie : Développement – Trauma – Approche thérapeutique (Préface de Boris Cyrulnik ; Postface d’Antoine Guédeney). Paris : Dunod. 

  • Smith, J. (2023). L’attachement en psychothérapie de l’adulte – Théorie et pratique clinique. Paris : Dunod. 

  • Guedeney, N., Guedeney, A., & Tereno, S. (2021). L’attachement : Approche clinique et thérapeutique (5e éd.). Paris : Elsevier Masson.  

  • Guedeney, N., Guedeney, A., & Tereno, S. (2019). L’attachement : Approche théorique et évaluation (5e éd.). Paris : Elsevier Masson.

  • Centre d’intégration gestaltiste – CIG. (s.d.). Cours sur l’attachement.


 
 
 

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