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Les différents types d’attachement

  • Photo du rédacteur: Romaric Roméo Edoh
    Romaric Roméo Edoh
  • 5 sept.
  • 5 min de lecture


Pourquoi certains adultes se sentent-ils spontanément en sécurité dans leurs relations, tandis que d’autres restent méfiants ou sur leurs gardes ? La réponse se trouve souvent dans les tous premiers liens que nous tissons avec notre figure d’attachement (FA), généralement un parent ou un adulte référent.


Passionné par la force du lien thérapeutique, j’explore sans cesse ce sujet. Dans cet article, je vous propose de parcourir ensemble les différents styles d’attachement, tels qu’ils ont été observés et décrits grâce aux travaux de Mary Ainsworth, qui affirmait : « La qualité de la communication non verbale au sein de la relation d’attachement, détermine la sécurité ou l’insécurité du nourisson. ». Rappelons les bases de l’attachement.


Les bases de l’attachement



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Comme nous l’avons vu dans mon précédent texte, l’enfant a besoin d’une figure d’attachement, pour : le protéger du danger, construire un sentiment de sécurité, apprendre à se réguler et developper des compétences relationnelles.


La qualité des interactions avec cette figure détermine sa survie psychique et physique. Très vite, l’enfant apprend à adapter son comportement afin de recevoir les soins les plus favorables possibles. Il met en place une stratégie d’attachement pour obtenir la disponibilité de sa FA, car sa survie en dépend. Deux mécanismes principaux sont utilisés :


-La protestation : pleurs, cris, agitation… pour attirer l’attention.

-Le retrait relationnel : si la détresse n’est pas prise en compte, l’enfant réduit ou arrête la manifestation de tout engagement social.


En situation de détresse (faim, stress, séparation…), l’attachement s’active, l’enfant envoie des signaux à sa FA. Celle-ci peut y répondre… ou non.

Au fil des expériences, l’enfant évalue la fiabilité et la prévisibilité de la réponse de l’adulte. C’est ainsi que se construisent les différents styles d’attachement ou les stratégies adaptatives de l’attachement.


Les quatre grandes catégories


1-Attachement sécure :

Si la réponse est cohérente et rassurante, l’enfant retrouve rapidement sa tranquillité.

L’expérience se répète régulièrement : il développe un attachement sécure.


Plus tard, l’adulte sécure est à l’aise avec ses émotions et sait qu’il peut compter sur les autres.


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2- Insécure ambivalent :


Si la réponse est imprévisible (parfois attentive, parfois absente), l’enfant amplifie ses signaux de détresse pour rétablir l’attention, la proximité. Il exprime beaucoup de colère, même lorsqu’une réponse positive lui a été apportée pour indiquer qu’il n’y a pas suffisamment de fiabilité, de prévisibilité.

Cela crée une insatisfaction chronique et une stratégie ambivalente, afin de contrôler la disponibilité de la FA.


À l’âge adulte, cette personne est souvent en colère contre les autres, qu’elle perçoit comme imprévisibles. Elle ne sait pas si elle peut compter sur eux. Elle cherche constamment à attirer l’attention tout en doutant de la fiabilité des liens.


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3-Insécure évitant :


Si la réponse est froide ou absente, ou si exprimer sa détresse entraîne un rejet, l’enfant apprend à inhiber ses signaux (internes, externes). Il s’ensuit, un retrait relationnel (arrêt de recherche de contact social).

Il essaye de satisfaire comme il peut, ses propres besoins : c’est la stratégie évitante.


Les attachements insécures, correspondent à des stratégies organisées  mises en place par l’enfant, pour avoir accès à sa FA. Il existe une autre catégorie.


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4-Attachement désorganisé :


Dans certains contextes familiaux, le danger est tel que, les stratégies simples citées plus haut, ne suffisent pas pour recevoir les meilleurs soins possibles. Il aurait fallu un cerveau plus mature pour gérer la situation. L’enfant ne peut pas définir une stratégie et organiser ses comportements étant donné l’environnement chaotique, menaçant.

Le danger peut provenir de la figure d’attachement elle-même. L’enfant est pris dans un paradoxe : il a besoin de sa FA pour survivre, mais elle est aussi source de terreur.  Exemple : Un enfant victime d'abus dans son milieu familial peut être à la fois attiré et terrifié par la figure d'attachement, montrant des comportements contradictoires.


Il est tiraillé entre entre la fuite, le combat, et la nécessité vitale de rester près de l’adulte effrayant.  Ne pouvant élaborer de stratégie stable, il alterne protestation, évitement et retrait.

On observe également du figement, de la dissociation ( émotionnelle ou cognitive). Le retrait relationnel devient chronique.

Ce type d’attachement est désorganisé : il n’existe pas de modèle comportemental prévisible.


Avec le temps, les conditions adverses ne s’améliorant pas, certains enfants désorganisés adoptent des comportements de contrôle. A la recherche de nouvelles stratégies adaptatives, le cerveau se complexifie. Permettant l’élaboration d’aptitudes nouvelles, autour du triangle de Karpman (bourreau, sauveur, victime) car c’est bien ce que vit l’enfant dans ses relations interpersonnelles avec l’environnement. Victime de ce qu’il subit (frayeur, négligence…) de la part de l’adulte, il est souvent persécuté et parfois, aidé. Il s’identifie à ce modèle, et la désorganisation des stratégies d’attachement, peut évoluer vers :


-Contrôlant soignant : protéger ou réparer le parent pour obtenir des soins.

-Contrôlant punitif : humilier ou rejeter pour ne plus être victime.

-Comportement sexualisé : contrôler l’adulte par la séduction.


Adulte, ce profil vit souvent une forte hypervigilance, un débordement émotionnel, des dissociations fortes et un sentiment que le monde est dangereux.


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Tableau récapitulatif de l’attachement :


Style d’attachement

Stratégies enfant

Caractéristiques adulte

Sécure

Proteste puis se calme quand la FA répond/Explore librement

Confiance, régulation émotionnelle, relations stables

Insécure Ambivalent

Amplifie les signaux, colère, insatisfaction chronique

Besoin d’attention, colère, peur de l’abandon, aggripement

Insécure Evitant

Inhibition des signaux, retrait, autonomie forcée

Anesthésie émotionnelle, difficultés à demander de l’aide

Désorganisé

Stratégies contradictoires, retrait chronique, dissociation

Hypervigilance, terreur constante, relations très instables


Bien que présentés ici de manière simplifiée, les styles d’attachement demeurent complexes à cerner. Leur détermination nécessite du temps (parfois des années), une observation attentive des facteurs de risque (par exemple : des expériences de négligence ou d’abus) et des facteurs de résilience (comme la présence d’une figure suffisamment soutenante), ainsi qu’une considération des interactions actuelles et de la singularité de chaque personne.


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Ces repères offrent avant tout un soutien au thérapeute. En Gestalt-thérapie, il ne s’agit pas de ramener la personne à une norme, mais d’utiliser les styles d’attachement comme une grille de lecture favorisant la compréhension du vécu de l’autre et l’entrée en empathie.


Le thérapeute conserve un regard phénoménologique sur ce qui se déploie dans l’espace thérapeutique et s’appuie sur la créativité propre à la personne, afin qu’elle puisse développer de nouvelles compétences relationnelles, et si elle le souhaite, cheminer vers un attachement plus sécure.


Conclusion


Chaque style d’attachement est une adaptation créative à l’environnement, élaborée pour garantir la survie.

Même si certaines stratégies peuvent causer de la souffrance à l’âge adulte, elles montrent la capacité incroyable de l’enfant à s’ajuster.


J’ai donc beaucoup de respect pour l’enfant qui grâce à sa pulsion de vie a su s’adapter. De la même manière, l’enfant devenu adulte, peut à l’aide de sa créativité, continuer son développement grâce notamment à la psychothérapie.


Une thérapie du lien peut offrir une relation sécurisante correctrice, permettant d’expérimenter de nouveaux comportements et, peu à peu, d’évoluer vers un attachement sécure acquis.



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Pour ma part, j’aime offrir aux personnes que j’accompagne un lien solide,  réparateur, porteur de sécurité, avec l’espoir qu’il devienne un socle pour des relations sociales plus sereines.


Bibliographie


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  • Smith, J. (Dir.). (2021). Le GRAND livre des 1000 premiers jours de vie : Développement – Trauma – Approche thérapeutique (Préface de Boris Cyrulnik ; Postface d’Antoine Guédeney). Paris : Dunod. 

  • Smith, J. (2023). L’attachement en psychothérapie de l’adulte – Théorie et pratique clinique. Paris : Dunod. 

  • Guedeney, N., Guedeney, A., & Tereno, S. (2021). L’attachement : Approche clinique et thérapeutique (5e éd.). Paris : Elsevier Masson.  

  • Guedeney, N., Guedeney, A., & Tereno, S. (2019). L’attachement : Approche théorique et évaluation (5e éd.). Paris : Elsevier Masson.

  • Centre d’intégration gestaltiste – CIG. (s.d.). Cours sur l’attachement.


 
 
 

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